Fonction : Hôtesse d'Accueil
De la patience ! … voilà la qualité indispensable à cette fonction.
Un joli minois, une bonne présentation, et une voix douce, ne sont bien sûr, pas superflus. Un sens des responsabilités, une bonne organisation de travail, une conscience professionnelle et la capacité à se gérer seul sont autant d’atouts pour la fonction, c’est évident.
Mais la patience … oh, oui, la patience, … peu de gens en possèdent suffisamment pour assumer cette fonction correctement, poliment et déontologiquement.
Cindy, elle, en a ! Plus que la moyenne des gens, … et bien plus que moi.
Son bureau est situé à l’entrée de la Résidence, à coté du mien. Et ma porte étant majoritairement ouverte tout au long de la journée, j’entends assez facilement tout ce qui se passe à l’accueil.
Et chaque jour, … Cindy m’épate.
Par son calme, par sa patience, pas sa gentillesse, par son attention envers les résidents, et sa disponibilité envers le personnel.
Pas étonnant qu’elle ait été choisie comme « personne de confiance » dans l’établissement par l’ensemble de nos collègues. Elle est toujours prête à vous rendre service sans que cela ne semble la gêner. Attention, elle a son caractère ... et un caractère bien trempé. Elle ne se laissera pas mener par le bout du nez et n’abusez de sa confiance qu’une seule fois, ... après vous ne tirerez plus rien d’elle. Pas même un sourire.
Mais elle est juste. Juste dans ses réactions, juste dans ses propos et elle ne se laisse pas emballer par ses propres états d’âmes face aux résidents. Elle reste en adéquation dans ses réactions avec leur comportement ou demandes continuelles. Ce que moi personnellement, j’ai un peu plus de mal à faire.
Son bureau est le centre stratégique du transfert des informations au sein de la Résidence. Polyvalence, cuisine, infirmière, aides-soignants, maintenance, kinés, fournisseurs, coiffeurs, pédicures et direction, … tous avons besoin de ses fichiers, de sa présence, de ses connaissances et informations chaque jour que nous passons au travail.
Elle a un pied dans chaque service, tout en ne quittant pas son bureau. Elle connaît, d’ailleurs, bien mieux chaque résident et chaque famille que la majorité du personnel.
Elle organise seule son travail, gère des dizaines de fichiers, transfère toutes les infos reçues aux différents départements, s’occupe de nombreux échanges avec fournisseurs, prestataires ou contacts à l’extérieur de la Résidence, écrit une multitude de lettres, fax et mails, tout en répondant aux coups de téléphones incessants et aux nombreux résidents, familles ou travailleurs qui pointent le bout de leur nez à la vitre de son bureau.
Avec patience, et sourire.
Elle répond gentiment pour la nième fois à Mme Vh que sa fille ne viendra qu’après 17h, elle décroche une fois de plus le téléphone pour dire à Mme Ch que, oui, elle le réveillera à 16h30. Elle appelle pour la 3ème fois la responsable du 2ème étage pour lui dire que Mr F. a renversé son verre et qu’il faut nettoyer sa chambre. La famille de Mme T. est de nouveau là, à se plaindre du linge mal rangé dans l’armoire, et le fils de Mme B. attend son tour pour rouscailler sur le repas du midi qui n’a pas été établi selon les désidératas de sa maman. Et elle garde le sourire, et elle écoute longuement, et elle répond poliment. Elle se prend toute la mauvaise humeur du monde dans la figure chaque jour, … et elle garde son calme. Elle craque de temps en temps, mais c’est rare. Elle vient alors prendre une bouffée d’oxygène dans mon bureau et s’en retourne 10 minutes plus tard à son poste, comme si de rien n’était.
Elle m’épate.
Et ce … également dans sa vie personnelle. Car c’est avec la même patience qu’elle élève ses deux petites filles, avec le même calme qu’elle affronte sa nouvelle grossesse, avec le même caractère trempé et décidé qu’elle gère l’apprentissage d’un nouveau mode de vie face à la maladie d’une de ses filles, et avec la même disponibilité et gentillesse qu’elle assiste autant sa famille que sa belle-famille dans la gestion des tracas de la vie quotidienne.
Cindy, est une femme admirable et une collègue précieuse … et je redoute déjà, la longue et terrifiante absence, engendrée par son futur congé de maternité.